Nanotechnologies

 Veille sur les Nanos

L”Association de Veille et d’Information Civique sur les Enjeux des Nanosciences et des Nanotechnologies (AVICENN) propose une veille  bien documentée sur son site VeilleNanos pour « une information transversale couvrant l’ensemble des enjeux des nanosciences et des nanotechnologies: les enjeux sanitaires, environnementaux, économiques, politiques, sociaux, éthiques ».

Des infos préoccupantes

Etude Toxalim INRA Toulouse sur E171-TiO2 (2017)

Une étude menée conjointement par des équipes de Toxalim sur les effets “santé” des nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) a identifié, chez le rat, un danger associé à l’absorption d’un colorant alimentaire courant, le E171, comptant 45% de nanoparticules de TiO2 dans sa composition.

https://www6.toulouse.inra.fr/toxalim/Page-d-accueil/Actualites/E171

Ces résultats, obtenus avec plusieurs partenaires en France et au Luxembourg, justifient des études ultérieures de cancérogenèse chez le rat et des analyses de risques pour l’homme.

Des nanos dans nos assiettes (2016)

Des tests effectués à la demande de l’association “Agir pour l’Environnement” ont permis de montrer la présence de nanoparticules dans certains produits alimentaires (juin 2016):

 Dans la presse:

 

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 Dossier

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Nanomatériaux et nanotechnologies :

faut-il en avoir peur ?

Il y a vingt cinq ans, hormis quelques scientifiques spécialisés en chimie ou en physique des matériaux, peu de gens avaient entendu parler des nanomatériaux. Pourtant, dès 1959, le fameux discours « Plenty of room at the bottom » prononcé par le Professeur Richard Feynmann du Calfornia Institute of Technology (Caltec) ouvrait la voie au concept de manipulation de la matière atome par atome. Et en 1981, l’invention du microscope à effet tunnel a rendu possible cette manipulation.
Aujourd’hui, il suffit de taper nano dans un moteur de recherche sur Internet pour voir s’afficher des milliers d ‘articles.
Présentées comme une révolution scientifique et technique sans précédent, les nanotechnologies commencent à susciter dans le grand public de nombreuses interrogations, souvent porteuses d’inquiétude.

Un nanomatériau, qu’est-ce que c’est ?

De la matière sous une forme très divisée. Les nanomatériaux manufacturés sont définis comme « composés de structures dont au moins une des dimensions est comprise entre 1 et 100 nanomètres ».

Le nanomètre est le millionième de millimètre (10-9 mètre pour les matheux). À cette très petite échelle, qui est celle de quelques atomes, on a constaté que les propriétés électriques, optiques, magnétiques et chimiques de ces matériaux sont bien particulières, parfois fort différentes des propriétés courantes de la matière. C’est ce qui en fait tout à la fois l’intérêt et le danger potentiel.

Une nanotechnologie, qu’est-ce que c’est ?

Une technique ou un procédé qui permet d’obtenir ou de mettre en oeuvre un nanomatériau.

Où trouve-t-on des nanomatériaux ?

Dans les laboratoires où ils sont inventés, les usines où ils sont fabriqués mais aussi, et de plus en plus, dans un grand nombre de produits et d’objets mis à disposition du consommateur.
Il existerait actuellement plus de 1000 produits commerciaux utilisant des nanomatériaux manufacturés.

Le consommateur sait-il que certains produits et objets courants contiennent déjà des nanomatériaux?

La législation française impose depuis 2014 un étiquetage [nano] pour les cosmétiques et les produits alimentaires mais elle est loin d’être respectée comme l’ont montré des contrôles de la DGCCRF.
Les produits courants en contenant sont pourtant de plus en plus nombreux et de plus en plus variés: bétons, peintures, pneumatiques, matériels sportifs, prothèses, vêtements, emballages alimentaires, colorants et conservateurs alimentaires, compléments nutritionnels, cosmétiques, pansements, tests de grossesse, …

Quels bénéfices ces matériaux pourraient-ils apporter ?

Certaines de leurs propriétés peuvent sembler intéressantes. Quelques exemples : le nano-argent est utilisé comme   antibactérien dans des pansements et du matériel médical; le nano-dioxyde de titane est un écran anti-UV utilisé dans certaines crèmes solaires; les nanotubes de carbone, 100 000 fois plus fins qu’un cheveu mais 100 fois plus résistants et 6 fois plus légers que l’acier, sont utilisés dans les raquettes de tennis, les clubs de golf, les cadres de vélo, …
Il existe d’autre part des perspectives prometteuses en médecine. Par exemple dans le domaine du diagnostic grâce à des nano-puces et dans le traitement de certains cancers grâce à des nano-vecteurs permettant de pénétrer au coeur des cellules tumorales.

Ces matériaux sont-ils dangereux pour la santé des professionnels qui sont à leur contact ?

Le principal danger tient à leur morphologie : petite taille et forme particulière des particules, grande surface de contact.
Pour les professionnels qui les fabriquent , les utilisent ou les recyclent, l’AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail) a, en juillet 2008, rendu un avis et émis des recommandations prenant en compte les premiers résultats sur l’évaluation des risques dans le cadre professionnel. En 2014, l’ANSES a publié une mise à jour des connaissances et des recommandations. Encore faudra-t-il les appliquer ! Il ne faudrait pas que se reproduise avec les nanomatériaux le scandale de l’amiante!

Fabrique-t-on dans la région des nanomatériaux ou des produits en contenant ?

Depuis le 1er janvier 2013, le site internet « R-Nano » permet aux industriels de déclarer les nanomatériaux, conformément à la réglementation en vigueur. L’ANSES est chargée de la gestion des déclarations et des données, les informations issues des déclarations sont partiellement mises à la disposition du grand public. Environ 400 000 tonnes de nanomatériaux, produits ou importés, sont déclarées annuellement.

Ces matériaux sont-ils dangereux pour la santé de la population générale ?

On a encore peu de certitudes pour l’instant. Néanmoins, les premières données expérimentales peuvent légitimement inquièter car les nanoparticules passent facilement les barrières cutanée et pulmonaire ainsi que la barrière hémato-encéphalique et la dissémination peut s’effectuer rapidement.
Certaines études récentes font même allusion à de possibles dommages pour l’ADN.Une seule certitude, le nombre de personnes exposées va augmenter considérablement dans les années à venir.

Ces matériaux sont-ils dangereux pour l’environnement?

Là encore, peu de recherches écotoxicologiques ont été entreprises alors que les nanoparticules ont de par leur petite taille une évidente capacité à se disséminer dans tous les milieux. Il conviendrait de rechercher les effets éventuels sur la flore et la faune. Le nano-argent, par exemple, pourrait poser problème du fait de ses propriétés bactéricides.

Établir la balance bénéfices-risques

Ainsi, alors même que les nanomatériaux sortent des laboratoires de recherche et sont de plus en plus utilisés dans des applications grand public, le manque criant de connaissances sur les risques qu’ils peuvent présenter dans différents domaines ne permet pas d’établir clairement la balance bénéfices-risques de ce saut technologique et de ses applications.
Il faut bien dire que jusqu’à présent les sommes, très importantes, engagées dans les programmes sur ces nouveaux matériaux – la France a lancé le programme Nano-Innov – concernent davantage la recherche et le développement de nouvelles applications que l’évaluation préventive des risques. Concurrences industrielle et commerciale obligent !
Les questions d’éthique posées par certaines utilisations – certains parlent de « biologie synthétique », de « transhumanité », d’« homme augmenté » – sont également peu prises en compte.

Réfléchir avant d’agir

La mise en oeuvre du principe de précaution, principe inscrit dans la Charte de l’Environnement adossée à notre Constitution, arrivera-t-elle à peser suffisamment face aux mirifiques promesses de ce nouveau marché mondial, évalué pour 2015 à plus de 1000 milliards de dollars et 15% de tous les biens commercialisés ?
Serons-nous, en tant que consommateurs potentiels de tous ces biens, sensibles au chant des sirènes du « progrès » sans limites, oublieux des précautions qu’il nécessite pour ne pas se transformer en cauchemar dans le meilleur des nanomondes ?

Pour un véritable débat public

Jusqu’à présent , le moins que l’on puisse dire, c’est que le grand public, futur grand consommateur, volontaire on non, de nanoproduits de toutes sortes, est peu informé.
Au niveau européen, la Commission  a  engagé une consultation publique sur Internet.
En France, un débat public a été organisé en 2009 par les pouvoirs publics; Poitiers d’abord pressentie n’a pas fait partie des grandes villes dans lesquelles a eu lieu une réunion publique.
Si vous voulez en savoir plus sur le déroulement et les vicissitudes de ce débat – les réunions publiques ont été perturbées dans plusieurs villes par des personnes qui pensent que « le débat est pipeau car tout est déjà décidé » , certaines réunions ont même été annulées – visitez le site officiel du Conseil National de Débat Public. Vous y trouverez, entre autres contributions, le « Cahier d’acteur » de France Nature Environnement.

Notons que France Nature Environnement a pris position sur le sujet dès 2006 et que son Réseau Santé-Environnement affine cette position au fur et à mesure. Actuellement, FNE propose un moratoire sur tous les produits pouvant être en contact avec le corps (à l’exception des médicaments).

À Poitiers, l’Espace Mendès-France a alimenté localement la réflexion en organisant une exposition et une série de conférences tout au long de l’année 2010. Puis des journées sur différents thèmes liés aux nanotechnologies en 2012, 2013, et 2015.  Enfin en 2017, une journée sur le thème “nanos, climat, alimentation… Quels enjeux sur notre santé?”

Pour en savoir plus

Quelques liens

Anses 

France Nature Environnement

VeilleNanos

R-Nano

Plan Nanotechs

Conseil National de Débat Public

Espace Mendès-France

Wikipedia: « Plenty of room at the bottom »

Bibliographie :

Une BD sur les nanos http://www.veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanoBD   et des livres:

Avicenn.   Nanos, Soyons vigilants. Éd. Yves Michel, 2016   http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=LivreSoyonsVigilants

Marano (Francelyne).  Faut-il avoir peur des nanos? Éd. Buchet-Chastel, 2016.

 

Lenglet (Roger). Nanotoxiques_une enquête. Actes Sud, 2014.

Benoit-Browaeys (Dorothée). Le meilleur des nanomondes, 2009.

Vinck (Dominique). Les nanotechnologies. Éd. le Cavalier bleu, 2009.

CLCV. Rayonnements, Ogm, nanotechnologies: danger ou progrès ?. Éd. Vuibert, 2009.

Sargent (Ted). Bienvenue dans le nanomonde. Éd. Dunod, 2006.

Laurent (Louis). Les nanotechnologies doivent-elles nous faire peur ?. Éd. le Pommier, 2005.

… et même un roman, écrit par un Poitevin, Bruno Riondet: “Sur sa trace” . Éd. Amalthée, 2010.

 

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Un site de production dans la région Nouvelle Aquitaine

Nanotubes de carbone  ARKEMA : un rapport accablant de l’ANSES (2013)

  Installé dans le Béarn, ARKEMA fabrique historiquement sur son site de Mont de la matière plastique. Mais depuis 2011, l’entreprise y produit également des nanotubes de carbone ou NTC (le GRAPHISTRENGTH C100). Les nanomatériaux ont une taille infinitésimale qui « leur permet de franchir les barrières physiologiques, comme la peau ou les muqueuses, qui constituent les protections naturelles du corps ou le placenta qui permet l’échange sanguin entre la mère et le fœtus » et cela jusqu’au cœur des cellules.

En 2008, ARKEMA lance un programme, financé pour partie par des fonds publics pour développer des nouveaux matériaux nanométriques. La condition pour percevoir ces subventions ? Faire une évaluation des risques sanitaires et environnementaux. L’ANSES est chargée d’expertiser cette évaluation. L’avis de l’ANSES de novembre 2013 est accablant pour ARKEMA tant du point de vue du produit lui-même, de ses effets sur la santé, que des conditions de production.
La caractérisation physico-chimique est inadaptée, la toxicité potentielle a mal été évaluée, tout comme l’éco-toxicité. L’analyse du cycle de vie du matériau et le problème de l’exposition des travailleurs dans les installations d’ARKEMA ont été totalement éludés.
Le groupe d’experts de l’ANSES a donc conclu que le risque associé au GRAPHISTRENGTH C100 ne pouvait être apprécié. Il a demandé la suspension de la production jusqu’à l’évaluation des risques sanitaires élargissant cette recommandation aux NTC en général. Il recommande également une instauration par les pouvoirs publics d’un contrôle de l’évaluation des risques des produits contenant des nanotubes de Carbone (Document Complet).
Sourde à ces recommandations, et alors qu’elle a déjà apporté une aide financière à ARKEMA pour ce projet, la région Aquitaine a voté le 15 décembre 2013 une subvention de 7 millions d’euros pour l’ensemble des nanos en Aquitaine. Comment endiguer les risques des nanoproduits ? Actuellement, bien que l’INERIS travaille sur la manipulation des nanos, aucun cadre juridique n’existe. Ne sommes-nous pas face à un scandale du même ordre que celui de l’amiante ou des OGM ? Les entreprises et l’administration peuvent-elles se dédouaner de toute responsabilité ? L’innocuité de ces produits n’est établie ni pour les salariés sur le site de production, ni pour les usagers-consommateurs et l’environnement, ni pour les objets en fin de vie.
Dans ces conditions, nous réclamons une expertise indépendante et l’arrêt des productions sur le Site ARKEMA de Mont tant que l’innocuité de ces matériaux n’est pas garantie. Nous posons la question de l’utilité sociale de ces prises de risque. Et enfin, comme le préconise l’ANSES « la mise en place dans le processus de gouvernance des risques des nanomatériaux, la transparence et une participation accrue des publics concernés (associations de citoyens, partenaires sociaux, professionnels de santé, etc.) ».(Cathy Soublès, Sepanso 64)

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