Les Hétérocères

Un état des lieux des connaissances

Les inventaires actuellement structurés dans nos bases de données permettent de lister environ 680 espèces de papillons de nuit (macro-hétérocères et zygènes). Loin d’être complète, il semble, au vu des espèces présentes chez nos voisins de l’Indre et des Deux-Sèvres, que la liste pourrait encore s’enrichir d’une petite centaine, portant le nombre de macro-hétérocères de la Vienne à plus de 750. On ne parle pas des micro-hétérocères qui ajouteraient plusieurs centaines d’espèces à cette liste !

Noctuelles et géomètres constituent l’essentiel des papillons de nuit recensés dans notre département (80 %), ils cumulent à eux deux près de 600 espèces (environ 300 Noctuidae et près de 250 Geometridae). Le reste est éparpillé entre les sphinx, les bombyx et quelques écailles.

Par opposition aux Rhopalocères (papillons dits  « de jour »), les Hétérocères (papillons aux antennes différentes) sont affublés du qualificatif  « de nuit ». Cet abus de langage doit être rectifié car un bon nombre d’Hétérocères comptent des espèces strictement diurnes, notamment la famille des zygènes.

Sphinx de la vigne-Deilephila elpenor. Crédit phot: S. Ducept

Phalène linéolée-Plagodis dolabraria. Crédit photo: S. Ducept

Feuille morte du Chêne-Gastropacha quercifolia. Crédit photo: S. Ducept

À la lueur d’une lampe

La technologie a permis d’améliorer le rendement des observations nocturnes grâce à l’utilisation combinée des lampes (notamment celles à vapeur de mercure dont l’émission couvre le champ des rayons ultraviolets) et des groupes électrogènes portatifs. À l’occasion des nuits sans lune, leur pouvoir d’attraction est important. Les papillons, troublés par ces lueurs nocturnes, sont inévitablement attirés et désorientés. Ils se posent alors sur un drap blanc et deviennent aisément identifiables. Une grande partie des recensements de papillons de nuit se pratique désormais grâce à cette technique.

Mais heureusement, la méthode n’est pas infaillible et la solution pour inventorier ce vaste groupe serait trop simple si toutes les espèces se laissaient attirer par les lampes. L’entomologiste doit alors développer d’autres techniques, notamment la recherche active des Hétérocères.

La promenade nocturne à la lueur d’une lampe frontale apporte son lot de belles observations, certaines espèces n’étant nullement intéressées par les UV de nos lampes. La miellée, appât sucré et alcoolisé, fait aussi fureur en période de disette florale. Des hordes de papillons s’accumulent alors, parfois par centaines, sur les troncs d’arbres enduits. La méthode se révèle idéale pour observer les espèces dites lucifuges, principalement des noctuelles, les catocales en tête !

Mais que faire quand l’insecte n’est attiré ni par les lampes, ni par la nourriture ? On recherche alors la chenille et non l’adulte ! Les Cucullies sont les espèces reines dans ce domaine. On ne les repère qu’à leur stade larvaire, sur les plantes-hôtes qui les nourrissent.

Un permis de chasse… aux papillons !

Inventorier les papillons de nuit requiert désormais une autorisation ! Sous prétexte de dérangement intentionnel de la faune nocturne, l’hétérocériste doit montrer  « patte blanche » pour se voir délivrer un arrêté préfectoral l’autorisant à mener ses activités nocturnes dans la nature.

Grand Paon de nuit-Saturnia pyri. Crédit photo: C. Lemenicier

Ecaille tigrée-Spilosoma lubricipeda. Crédit photo: S. Ducept

Acidalie ornée-Scopula ornata. Crédit photo: S. Ducept

Papillon du Nord, papillon du Sud

La situation géographique du département de la Vienne lui confère un climat, un sol, une exposition, favorable à la présence d’espèces des quatre coins du pays.
Les coteaux les plus thermophiles du centre du département mais aussi des vallées de la Vienne et de la Dive du nord accueillent des espèces rares, méditerranéennes et très localisées dans le Grand-Ouest. L’Épine ibérique, la Pétrophore narbonnaise ou l’Éphyre myope, liée à l’Érable de Montpellier en sont quelques exemples.

Les contreforts granitiques du sud-est de la Vienne, à l’inverse, accueillent des espèces montagnardes des climats froids. La Larentie des Impatientes trouve dans la vallée de la Grande Blourde, une de ses stations les plus occidentales de France.

Qu’en est-il de la rareté de nos espèces ?

Même si nous avons quelques idées pour les espèces les plus communes, la réponse n’est pas aisée pour une grande partie des espèces lucifuges ou localisées. Nous assistons actuellement à l’hécatombe des papillons palustres, qui, cités dans les anciens ouvrages, sont de plus en plus difficiles à trouver dans nos zones humides. La disparition des habitats naturels ou leur dégradation sont à l’origine de ces extinctions.

Les efforts de prospection doivent s’étendre à l’ensemble du département, nos bénévoles devront être formés à la détermination de cette grande famille. Et qui sait, l’occasion d’un atlas régional sur les Hétérocères permettra d’élucider la question du statut de chaque espèce ?

Extrait de :
Vienne Nature, 2017. Bêtes et plantes de la Vienne - déambulation dans la biodiversité départementale. Vienne Nature éditions, Fontaine-le-Comte. 240 p

 

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